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La Princesse Camion.

venoit ſe plaindre du chagrin où elle étoit de paſſer ſes jours dans la poche de la reine votre mère ; car Marmotte avoit obtenu de Lumineuſe de faire ſouffrir la princeſſe juſqu’à ce que vous euſſiez rempli votre deſtinée qui étoit de l’écorcher, tant elle étoit outrée de ſavoir que vous l’aviez épouſée, & que le roi des Merlans, ſon neveu, ne pouvoit plus devenir ſon époux. Comme elle n’étoit plus baleine, il étoit bien difficile de la faire écorcher, mais Marmotte, fertile en expédiens, avoit imaginé de vous la faire piler, & avoit défendu à la princeſſe de vous rien dire de tout cela, ſous peine de votre vie, & lui promettoit après les plus grandes félicités. Comment ſe réſoudra-t-il à me piler jamais, me diſoit-elle en vous attendant ? Ah, ma chère Citronette, ſi ce n’étoit que ma vie que Marmotte menaçât, je la donnerois ſans peine, pour éviter à mon époux les chagrins qu’on lui prépare ; mais on attaque celle de mon époux, cette vie qui m’eſt ſi chère, ah ! Marmotte, barbare Marmotte ! Eſt-il poſſible que vous vous plaiſiez à me faire ſouffrir ſi cruellement, quand je ne vous en ai donné aucun ſujet ? Elle ſavoit le temps preſcrit pour être ſéparée de vous, mais