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278 La Princesse Camion

elle ne pouvoit vous le dire. La dernière fois que vous la vîtes, vous ſavez que vous la trouvâtes toute en larmes, vous lui en demandâtes le ſujet, elle prétexta votre attention pour la petite Camion, & vous en fit un crime : vous appaisâtes ſa ſeinte jalouſie ; & l’heure fatale où Marmotte devoit venir arriva ; vous fûtes tranſporté dans le palais du roi votre père, & la princeſſe & moi nous fûmes changées en écreviſſes, & miſes dans un petit panier de jonc, que la fée mit à ſon bras, puis montant ſur un char tiré par deux couleuvres, nous arrivâmes au palais du roi des Merlans ; ce palais étoit celui du roi père de la princeſſe, la ville changée en lac faiſoit ce réſervoir où nous avons tant habité depuis, & tous les hommes-poiſſons que vous avez vus étoient les méchans ſujets de ce bon roi. Il faut vous dire, ſeigneur, dit Citronette, en s’interrompant elle-même, que ce malheureux prince & la reine ſa femme ſe deſeſpérant au moment que la princeſſe tomba au fond de mon puits, les fées qui les étoient venues ſecourir autrefois parurent pour les conſoler de la perte de la princeſſe ; mais que ces malheureuſes perſonnes ſachant que ce ſeroit dans leur royaume que Camion