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284 La Princesse Camion

ſeigneur, dit Citronette, le charme dépendoit de l’écorcher, ou de la piler, & vous n’aviez fait ni l’un ni l’autre ; d’ailleurs celle à laquelle Lumineuſe parloit, étoit la reine, mère de la princeſſe, elles attendoient la fin de l’aventure, afin de ſe ſaiſir de votre épouſe pour vous la garder ; il falloit néceſſairement que cela arrivât. N’importe, reprit le prince, ſi je l’avois ſu, je me ſerois percé le cœur de cet affreux couteau. Mais, ſongez-vous, dit Citronette, que vous perçant le cœur, la princeſſe reſtoit pour jamais au pouvoir de votre ennemie & de votre affreux rival, & qu’il eſt bien plus beau de l’avoir écaillée que de mourir pour la laiſſer malheureuſe ? Effectivement cette raiſon tirée du vrai de la choſe, appaiſa la douleur du prince, & il conſentit à prendre un peu de nourriture pour ſe ſoutenir. Ils venoient d’achever leur petit repas, lorſque la voûte du ſallon s’ouvrit, & que Lumineuſe parut aſſiſe ſur un eſcarboucle tiré par cent papillons : elle en deſcendit aidée par le prince qui baigna le bas de ſa robe par un torrent de larmes. La fée le releva & lui dit : prince Zirphil, c’eſt aujourd’hui que vous allez recueillir le fruit de vos travaux héroïques. Conſolez-vous, & jouiſſez enfin de