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La Princesse Camion.

il a cru n’avoir écorché que Marmotte : mais c’étoit véritablement la princeſſe, & Marmotte s’étant cachée dans le manche du couteau qui ſervoit à cette eſpèce de ſacrifice, au moment, qu’il a eu achevé de dépouiller l’écreviſſe, elle a fait diſparoître la princeſſe, & s’eſt trouvée à ſa place, afin de l’intimider encore. Comment ! s’écria le prince, c’étoit ma charmante épouſe à laquelle j’ai tant fait de mal ? Quoi ! j’ai eu la barbarie de lui faire ſubir un ſi cruel ſupplice ! Ah ! ciel, elle ne me le pardonnera jamais, & je le mérite bien. Le malheureux Zirphil parloit ſi impétueuſement, & s’affligeoit ſi fort, que la pauvre Citronette étoit bien affligée elle-même de lui avoir appris cette cruelle nouvelle. Quoi, lui dit-elle enfin, voyant qu’il s’abîmoit dans ces réflexions, quoi, vous ne le ſaviez pas ? Non, je ne ſavois point cela, dit-il ; ce qui me détermina à écorcher cette malheureuſe ² trop charmante écreviſſe, c’eſt que je vis Lumineuſe dans ma bague qui parloit à une perſonne voilée, & qui même rioit avec elle, je me flattai que c’étoit ma princeſſe, & je crus qu’elle avoit paſſé dans le mortier comme toutes les autres. Ah ! je ne me conſolerai jamais de cette étourderie. Mais,