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hommes font les lois, les femmes font les mœurs. Que pour entrer dans l’arène elle rappelle à son souvenir les noms si justement célèbres de Mme Roland, à l’ame si élevée, de Mme de Staël, au génie si fécond, au style si pur !… Astres brillans qui ont laissé sur leur passage un rayon d’immortalité !

Les femmes pour se dévouer n’ont besoin que de sentir l’utilité de leur action ; faisant abstraction de toute individualité, guidées seulement par le besoin d’adoucir quelques maux, de sécher quelques larmes, on les a vues avoir leur héroïsme, leur intrépidité, et, victimes résignées, marcher à la mort sans trembler. Qui de nous ne se rappelle encore le généreux dévouement de ces modestes filles de Dieu, de ces pieuses sœurs de Ste-Camille qui, seules, s’acheminaient dans une ville de mort et de deuil, guidées par un sentiment sublime ? Qui n’a lu les vers touchans qu’une muse à la verve facile et pure, leur a consacrés ? qui ne les a bénies, et quelle femme ne s’est glorifiée en leur nom ?

Dernièrement encore, sous Anvers, et lorsque la mort lançait contre tous, sans choix, son mandat d’amener, n’a t-on pas vu une jeune fille oublier son propre danger pour ne voir que celui des soldats que le plomb meurtrier vient frapper ? Partout on tue, elle seule console, elle seule fait espérer, c’est le bon génie du soldat, c’est l’ange de la paix face à face avec le démon de la guerre.

Pourquoi donc aujourd’hui, quand il y a tant à faire pour ramener l’humanité à des sentimens d’union et de concorde, les femmes garderaient-elles le silence ? pourquoi, sans être accusées de fanatisme, ne parleraient-elles pas religion, et pourquoi la morale, sous les traits de la bienveillance, ne serait-elle pas enseignée et ap-