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LE COURRIER

oui, ta bien-aimée Kakvelle elle-même ! Elle m’aperçut, et, loin de rougir, elle vint à moi avec cette contenance effrontée, qu’ont les plus hardies courtisanes. Les feux de la lubricité circulaient encore dans ses regards, mais sois encore plus surpris du discours qu’elle m’adressa.

« Ne sois pas étonné, cher abbé, me dit-elle, de ce que tu viens de voir ; je suis femme, et fouteuse, par dessus le marché. Jacob ne bande qu’à demi, et ne me l’a jamais mis qu’en petit maître, c’est-à-dire en vit mollet. Mon tempérament ne s’est jamais arrangé des jeûnes qu’il m’a fait souffrir ; il lui fallait un substitut. Ce paysan, que tu viens de voir, m’a donné du plaisir, et c’est l’idole à laquelle je sacrifie ; il bande comme un Dieu ; il fout comme un Hercule : que pouvais-je désirer de mieux ? Ajoute à cela, cher abbé, qu’il branle comme un ange, ou comme la duchesse de Polignac.

« Je te recommande le secret, et par reconnaissance, je te consacrerai quelques coups de cul, comme à l’ami commun de mon ménage canonique. Je cours rejoindre mon vigoureux fouteur, que la peur a fait fuir. Je me sens dévorée du besoin d’être encore aux prises avec lui : éloigne-toi. Adieu, tu auras demain de mes nouvelles. »

Voilà, mon cher ami, quelle est ta Kakvelle, la plus grande garce de l’univers, et la plus infâme putain de ce siècle. Juges-en par le billet que je reçus d’elle le lendemain, et que je joins à la présente.