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LE DERNIER.

qui avait animé ses jeunes années. Il dit à son frère Baudouin et à son gendre Hugues d’Alfar : « Allons, puisqu’on nous force à tirer l’épée, rejetons le fourreau loin de nous ; rassemblons nos hommes d’armes, munissons nos châteaux, appelons tous nos fidèles à la défense commune, et que chacun se fasse soldat puisque chacun est menacé dans ce qu’il a de plus cher. Pour moi, je prends Dieu à témoin de la sincérité de ma foi, et du regret déchirant que j’éprouve en prenant les armes contre les prélats de la sainte église romaine, que je ne cesserai jamais de considérer comme notre mère commune. »

Alfar en proie à mille pensées contradictoires gardait un morne silence. « Dieu est juste, » s’écria Baudouin ; « il est aussi bien le juge des prélats que des princes. Dieu refuserait son secours à des fauteurs de l’hérésie ; mais il protégera la cause des hommes innocens et sincères. Il ne voudra point que ses preux et loyaux chevaliers deviennent la proie de l’imposture et de la trahison. « Hélas ! à quelques années de là, ce