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LE DERNIER

en devint bientôt le sujet ; Esclarmonde ne voyait point sans surprise les caresses qui lui furent prodiguées par ses hôtes, ainsi que les larmes abondantes dont ils mouillaient ses joues et les boucles naissantes de ses cheveux. Après un repas frugal, la princesse alla goûter le sommeil dans le meilleur lit du manoir. Anaïs se retira dans une petite chambre voisine, et y déposa l’enfant dans un berceau nouvellement préparé ; ce qui fit remarquer à Raimbaud que la taille de cette jeune grecque avait pris un accroissement et des formes qui ne pouvaient s’attribuer à l’embonpoint. Burgondion prit le bras du chevalier, l’emmena dans la cuisine, et se trouvant seul avec lui : « Sage Raimbaud, » dit-il, « peut-être ne serez-vous pas surpris de me voir dans une solitude choisie par la belle Anaïs. Plut à Dieu que nous fussions ensemble dans un désert inaccessible à l’envie et aux tracasseries des hommes ! Elle seule me tiendrait lieu de patrie et de famille. Ma destinée n’est pas si belle,