Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le nombre de ses domestiques, et il ne faut Pas chercher à le connaître. C’est un préjugé européen. Si vous rentrez le soir chez vous, balancé dans votre rickshaw à travers des ruelles silencieuses bordées de murs de pisé que dépassent des arbres mouillés ou poussiéreux, et que saisissant le marteau vous cogniez à la porte de laque rouge incrustée de clous de bronze qui donne sur le premier court-yard, c’est souvent un inconnu qui vient vous ouvrir. Il est de bon ton de ne pas s’en étonner : le « number one » a eu sa femme, ou sa mère, ou son fils malade. Inutile de répondre que vous savez qu’il est sorti pour fumer l’opium, ni de vous mettre en colère : ce serait mal reconnaître les services que vous rend cet aimable Chinois qui bénévolement remplace votre maître d’hôtel. Vous pouvez d’ailleurs avoir en lui toute confiance. Sans doute, si vous comptiez offrir ce soir-là à vos amis un verre de Champagne, de whisky ou de gin, ne serez-vous point servi tout de suite parce que votre boy occasionnel ne boit ni Champagne, ni whisky, ni gin. Mais il sait généralement où se trouvent les cigarettes, le thé et les gâteaux parce qu’il aime les gâteaux, les cigarettes et le thé.