Les boys chinois sont honnêtes — honnêtes à la manière chinoise. Ils ne vous volent pas : ils vous taxent. À peine un barbare d’Europe est-il installé à Pékin que les boys connaissent son traitement s’il est fonctionnaire ou officier, ses bénéfices s’il est industriel ou financier, son compte en banque s’il est touriste. Aussitôt le « number one », c’est-à-dire le premier boy, seul responsable, se charge de suppléer au fisc.
Le capitaine X… et sa femme me racontaient qu’à leur arrivée à Pékin ils avaient sous-loué, dans la ville tartare, la maison du colonel Z… rentré en Europe, la maison et ipso-facto les serviteurs. Au bout de huit jours, ils s’effrayèrent de la cherté du livre du number one.
— C’est trop cher, déclarèrent-ils. Il faut changer.
Le premier boy sourit, s’inclina, parut acquiescer mais la semaine suivante le livre du chef comme le sien, à un dollar près, demeurèrent immuables. Le capitaine alors, qui s’était mis au courant des mœurs chinoises, fit comparaître le number one.
— Tu me traites, lui dit-il, comme si