Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/146

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et, au bout d’un troisième, nous introduit dans un clair salon. Enchanté, je contemplai la pièce : à la lettre le jardin entrait par les fenêtres. Sur les appuis, les fleurs des vases se mêlaient aux branches en liberté. À notre entrée, des oiseaux surpris s’envolèrent puis, rassurés, revinrent se poser. Sur les murs blancs, entre deux paysages de Yang-Roe, un exquis pastel me fascina, un portrait de jeune femme : vingt ans peut-être, à coup sûr moins de vingt-cinq, très blonde, très pâle, l’air maladif et un sourire résigné. Chose curieuse, ce portrait me rappelait un souvenir, mais lequel ?

— Voilà le teint que je voudrais avoir, soupira Geraldine.

— C’est un charmant portrait, dis-je. Il me semble que j’ai déjà vu le modèle.

— C’est la femme de notre hôte. Non, continua Geraldine, ne souriez pas avec satisfaction, nous ne déjeunerons pas avec elle : elle est morte au cours d’un voyage aux Indes. Son mari l’a fait incinérer. Il a eu un atroce chagrin, ils n’étaient mariés que depuis deux ans.

— Il y a longtemps de cela ?

— Cinq ans. Il est venu s’établir ici, a