Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/147

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acheté cette maison. Il hésite encore à me la louer, mais je compte le décider aujourd’hui. Panchito, le jeune attaché de Bolivie, étouffa un bâillement :

— C’est la faim, grogna-t-il. Vous croyez qu’il nous attend à déjeuner ? Le boy nous l’a dit : il n’est même pas chez lui.

Geraldine nous rassura :

— Il a horreur de déjeuner seul, et comme nous étions en retard, j’imagine qu’il a dû sortir pour déjeuner au restaurant. Il est un peu neurasthénique depuis la mort de sa femme.

— En tout cas, maugréai-je, le déjeuner sera immangeable.

— Plus un déjeuner chinois attend, Meilleur il est.

Nous nous retournâmes : le maître de Maison venait d’entrer.

Il parlait l’anglais avec un accent que je ne définis point. Il avait un aspect nordique. Il était grand, encore jeune — trente-cinq ans peut-être, — il avait les tempes dégarnies, un visage creusé et sous les yeux, qu’il avait très bleus, des cernes violets. Geraldine nous présenta, mais ne révéla point le nom de notre hôte et pour