Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/148

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cause. À défaut de savoir son nom, j’aurais voulu connaître au moins sa nationalité.

— Ne vous ai-je point vu chez moi, à Constantinople ? me demanda-t-il soudain. Ce n’était pas possible qu’avec cette figure-là il fût Turc. Je le regardai, indécis.

— Chouvalavof. Serge Chouvalavof. Et soudain, je me souvins : le Croissant doré, ce restaurant tenu par un jeune émigré russe, où l’on dansait le soir et qui était le cabaret en vogue. Et ce pastel de femme, comment n’en avais-je pas identifié plus tôt le modèle : une jeune fille russe qui, déjà à ce moment-là, avait l’air malade et que Chouvalavof ne quittait pas.

— Oui, mon cher, j’ai gagné pas mal d’argent là-bas, j’ai vendu mon affaire presque au lendemain de votre départ. Je suis allé aux Indes avec ma femme et puis…

Il regarda le portrait. Un petit silence pénible régna que par bonheur interrompit l’entrée solennelle de deux boys en robe de soie blanche. Allait-on enfin annoncer le déjeuner ? Non, ce n’étaient que les cocktails.

— Croisset, venez avec moi, me dit