Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/159

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parut, vêtue à la nouvelle mode chinoise. Un jeune homme la suivait, habillé à l’européenne.

— Ma fille et mon gendre. Ceux-là ajouta Yu-Shan d’un ton un peu railleur, parlent à peu près toutes les langues que l’on appelle civilisées.

Tous deux s’assirent et entamèrent une conversation sur New-York qu’ils avaient visité l’année précédente, sur Paris, Rome et Londres qu’ils connaissaient et sur les distractions si rares à Pékin. Geraldine, à la dérobée, regardait sa montre : elle avait en effet ce soir-là un dîner. Ce n’est point la peur d’être en retard qui la préoccupait, — elle y était accoutumée, — mais l’impatience.

— Si vous le voulez bien, avant que la nuit ne tombe, nous dit Yu-Shan, je vais vous montrer les jardins.

Geraldine me lança un regard de suppliciée, tout en esquissant par politesse un faible sourire. À ma satisfaction, je vis que nous nous acheminions vers le jardin mélancolique où les saules avaient l’air de pleurer et où l’étang, maintenant, devenait rose sous le tendre adieu du soleil. Mais plus nous avancions, plus ce côté du