Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/163

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cune constituait une pièce de musée et le sana, qui remplace le sel, étalait sa sauce brune dans des soucoupes d’argent gradées de caractères chinois et qui dataient des premiers empereurs.

Après le dîner, comme je félicitais notre hôte de sa cuisine, il me dit :

— Je transmettrai vos compliments aux poètes qui ont inspiré mon cuisinier.

Je le regardai, surpris.

— Chez nous, souvent, me renseigna-t-il, ce sont les lettrés qui inventent les recettes et ce sont les maîtres de maison qui, aidés de leurs conseils, dirigent et documentent les cuisiniers. Ainsi, chez moi, deux fois par semaine, nous avons des réunions de poètes. Ils viennent accompagnés de leurs chefs et nous discutons jusqu’à deux heures du matin.

— Croyez-vous, me demanda vers dix heures Geraldine, en proie à son idée fixe, que je vais voir enfin le premier étage ? Mais à ce moment d’étranges musiciens firent leur entrée. C’étaient des Chinois musulmans vêtus de longues redingotes noires fermées par un col officier et tous coiffés d’un bonnet de couleur sombre. Ils étaient jeunes, émaciés et osseux. Leur