Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/174

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Degas, l’autre jambe étendue horizontalement et appuyée sur une barre, nous regardent passer, impassibles. Une heure durant, ils se tiennent sur une jambe, une heure durant sur l’autre et ne paraissent point souffrir de leur incommode position. Ils ont un air pétrifié et dans leur visage de poupée seuls leurs yeux plissés bougent, me regardant curieusement.

Ces classes sont les classes préparatoires et c’est dans le troisième cloître que, le corps et les membres assouplis, les élèves apprennent l’art millénaire et compliqué de la danse. Ceux-là ont dix ans au moins, seize au plus et je contemple, déconcerté, cet extraordinaire ballet. Quelques adolescents que leurs pointes grandissent exécutent des danses guerrières. Leurs bonds, leurs feintes, leurs parades, leurs assauts furieux, leurs évolutions rythmées sont merveilleux de précision et de cadence. Plus loin, d’autres jeunes gens miment des danses amoureuses et bien que tous soient des garçons se divisent en acteurs et en actrices. Ils virevoltent, minaudent, attaquent ou se dérobent. Tous ces pas compliqués de siècle en siècle, ils les réalisent, prodigieux de vitesse. Un jeune garçon