Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Alors, vous allez voir « Monsieur » Pu-Yi ? me dit ce soir-là sur un ton légèrement gouailleur un membre important du gouvernement de la république.

— C’est exact, répondis-je. J’ai une audience de Sa Majesté.

Les Chinois présents échangent un sourire. Je suis le seul Européen. Tous parlent d’ailleurs à merveille le français ou l’anglais.

— La Mandchourie vous intéresse-t-elle à ce point que vous écourtiez votre séjour à Pékin ? Ou est-ce M. Pu-Yi ?

La question m’est posée en français par l’un des convives les plus marquants, un ingénieur célèbre. Il est vêtu d’une robe de soie couleur de nacre et dans son visage d’une surprenante jeunesse, ses yeux vifs me dévisagent. À nouveau je constate que l’âge, jusqu’à soixante ans, semble n’avoir point de prise sur les fils du Ciel. J’ai vu à Nankin le président de la République : il a passé cinquante ans, il a l’air d’en avoir vingt-cinq. Les Chinoises sont plus extraordinaires encore, surtout aujourd’hui