Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/193

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bleue et blanche, accrochent un jade, font rutiler dans l’ombre d’une échoppe des grenouilles de quartz, des arbres de corail, des poissons de cristal, des jonques d’émail, des fruits de verre, des petits rochers de lapis ou encore, sur un paravent à fond crème, une oie sauvage qui, le bec dardé et les ailes droites, plonge entre deux rocailles dans un étang lunaire.

Une grâce, une politesse universelle, une urbanité séculaire règnent dans cette cité nonchalante et laborieuse où jamais quelqu’un ne s’affaire. Des gens qui ont déjeuné au marché vont y dîner tout à l’heure et sur les bancs du théâtre en plein vent qui déjà refuse du monde, les marchands de serviettes parfumées, de limons et d’éventails ont pris place, leurs éventaires sur les genoux.

Je rejoins mon rickshaw, m’engage dans la ville tartare et ma nostalgie me ramène, à travers les avenues triomphales, aux portes des palais impériaux. Mais auparavant je veux voir les jardins d’un vieux palais qui, attenant à la Cité interdite, sert de résidence provisoire à un général du sud.

Une carte que m’a remise le maire me permet de les visiter.