Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/194

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Le général, cet après-midi là, reçoit. Des autos tournent dans l’allée poudreuse et de vieux Chinois, tous en robe, en descendent avec lenteur. Ils se saluent, les mains dans les manches et, à petits pas compassés, se dirigent vers le palais que gardent, appuyés sur leurs fusils ternis, deux jeunes soldats ensommeillés.

C’est dimanche. Des familles et des couples se promènent qui ont épinglé leur carte d’entrée à leurs robes ou à leurs vestons. J’essaie de retenir leurs visages, mais mon regard se brouille devant ces figures lisses d’où les traits sont absents et où a peine les yeux s’indiquent.

Un sentier capricieux mène vers un étang : en Chine, le plus court chemin d’un point à un autre est un zig-zag.

Un pavillon ruineux mire dans l’eau bleue ses murs rouges et ses tuiles d’émeraude. Assis côte à côte sur la berge, un adolescent et une très jeune fille contemplent dans l’herbe une chienne qui vient de mettre bas et qui, longuement, lèche sa portée. Soudain, le garçon s’empare d’un des chiots, puis, retroussant sa robe et suivi de sa compagne, il s’éloigne en courant et, au bord de l’étang, se rasseoit. La