Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/202

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ses malles. Il paraît qu’il y a des gens qui font le tour du monde avec une seule valise et qui ont toujours ce qu’il leur faut. Moi, je voyage avec dix valises et il me manque toujours quelque chose !

Néanmoins, bien m’en prend d’avoir réuni autour de moi mon troupeau de cuir : le fourgon, qui contenait de sensationnelles surprises, n’est jamais arrivé !

Le voyage s’annonce mal. Une tempête de sable gifle les vitres et pénètre dans les wagons. Une chaleur inhumaine fait haleter les voyageurs. Les nobles paysages chinois tournent, loupés, sous des ouragans de poussière.

Le lendemain matin, à sept heures, j’arrive à Shang-Haï Kwan où le commandant Coppin vient me chercher, profitant d’une heure d’arrêt pour me montrer la ville qui fut, il y a si peu d’années, un champ de bataille. Coppin, un Anglais d’une quarantaine d’années, s’y est glorieusement battu. Sur une colline, il m’indique les points stratégiques. Lui ne dit point « Monsieur » Pu-Yi en parlant de l’empereur, mais j’entends