Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/232

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l’étendue de la politesse japonaise. Mieux renseigné, j’eusse aussitôt modifié mes plans. J’ai encore l’âme simple d’un « barbare d’Europe ».

La nuit n’est pas montée. Je contemple avec un intérêt amusé la ville que maintenant l’auto traverse. Rien n’est plus curieux, en effet, après avoir constaté la manière dont les Chinois conçoivent une capitale, que de voir comment à leur tour la conçoivent les Japonais. Hsin-King affairé, sillonné d’autos, tout sonore d’enclumes, est moins une ville qu’un chantier. Pour peu que, l’ayant visitée la veille, on s’y promène le lendemain, on a l’impression qu’elle a poussé pendant la nuit. Ici, pas d’édifices symboliques, d’avenues somptueuses et qui ne mènent nulle part, pas de piscine abstraite. Tous les projets sont concrets ; les plans sont à peine établis que déjà ils se réalisent.

Les avenues, au fur et à mesure qu’elles s’allongent, se bordent de magasins, d’usines, de banques. Dans un prodigieux bâtiment que je devais visiter le lendemain et qui s’élève à l’endroit où, voici deux mois, puait un marécage, une légion d’architectes et de commis travaille à l’élargissement