Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/233

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et à la construction de la ville. Les ministres de Hsin-King ne sont point des poètes et ne songent pas à la beauté. Ils n’y songent même pas assez pour mon goût, mais mon odorat et mon sens de l’hygiène y trouvent leur compte. La première chose à quoi pensent les Japonais qui édifient Une ville, c’est aux égoûts : c’est là un souci qui n’a jamais assombri l’âme chinoise !

— Voici votre restaurant russe, me dit M. Z…

Nous pénétrons dans une salle enfumée où un gramophone éraillé joue un tango tandis qu’un couple danse, une joue fardée contre une barbe pas faite. Une femme en cheveux, les coudes sur une nappe maculée, boit un whisky en fumant un cigare. À une table voisine des convives débraillés réclament un champagne plus sec. Cela sent le parfum, la friture, la sueur et le tabac. On m’avait dit à Moukden :

— L’endroit ne paie pas de mine, mais c’est là que vous mangerez le mieux.

— Allons-nous en, dis-je à mon compagnon. Je ne connais pas votre restaurant, mais à l’avance je le préfère.