Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/242

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Au lieu d’un interprète, j’en ai deux. Aussi, le premier chambellan me demandet-il dans quelle langue je désire m’entretenir. Lui-même ne parle que l’anglais, le chef du protocole s’exprime dans les deux langues. J’opte pour l’anglais, me doutant que l’Empereur doive le souhaiter.

Tout de suite ce qui me frappe c’est sa simplicité et aussi, dans ce cadre modeste, cette dignité à quoi je m’attendais. Je me souvenais, en effet, d’une anecdote qui remonte à 1917 et que m’avait racontée M. Léger, à cette époque à Pékin. Chang-Hshung, un ancien palefrenier des écuries impériales devenu par l’un de ces romanesques avatars si fréquents dans les annales des guerres civiles chinoises, général, et qui dans une province commandait à trente mille hommes, avait marché sur Pékin. Il y avait défait après un combat facile un détachement de troupes républicaines et avait occupé la Cité interdite. Pu-Yi, que l’on appelait à ce moment Hsuan-Tung, bien que détrôné habitait encore son palais. Il occupait même, dans la cité impériale, un palais voisin de celui du Président de la République, ce qui offre une saveur toute chinoise. Il avait alors