Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/243

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onze ans. Le général ne laissa dans Pékin que cinq mille hommes. Le gros de ses soldats, qui portaient tous la natte et dont il disait lui-même qu’ils étaient des bandits, campèrent en dehors de la ville.

Chang-Hshung était un soudard, mais qui aimait l’empire. Aussi son premier soin fut-il de remettre le petit Prince sur le trône. Elevé dans la ville violette et au courant de ses traditions, le général fit rechercher quelques soies jaunes, en drapa l’enfant, l’assit sur l’antique trône de ses ancêtres et, dans la grande salle noire, rouge et or éclairée par des torches et où le dragon impérial tordait ses écailles au plafond, se mit à dicter ses ordonnances. Au fur et à mesure que ses officiers entraient, il leur criait : « Koto ! » ce qui veut dire prosternation ; aussitôt, devant le trône ils se couchaient à plat ventre. Seul, le général ne s’était point prosterné.

Tiré brusquement de sa retraite, vêtu et couronné à la hâte, l’enfant pendant plus d’une heure n’avait rien dit. Il y avait des années qu’il ne régnait plus et que son précepteur, Johnson, sur l’ordre de la république, ne lui parlait jamais de la gloire et de la splendeur de ses aïeux. Mais le