Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/244

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soudard, qui venait cependant de lui rendre son prestige d’empereur, révoltait peu à peu en lui par ses manières cavalières et son autorité brutale un orgueil atavique. Et comme le général, tout en dictant, passait et repassait devant le trône, l’enfant soudain étendit un bras et d’une voix puérile mais assurée cria : « Koto ! » Le guerrier vainqueur, qui tenait Pékin et l’empereur dans sa main, eut un sursaut de colère.

— Koto ! répéta impérieusement l’enfant.

Et Chang-Hshung, vaincu par cette majesté enfantine, se prosterna.

Je regarde avec un ardent intérêt ce prince qui, à l’aurore de sa vie, a trois fois perdu et retrouvé une couronne, qui a vu crouler dans sa ville millénaire l’une des plus vieilles civilisations de la terre et qui à présent, dans sa capitale en chantier, règne sur le plus récent des empires. Ainsi vêtu à l’européenne et assis à sa table de travail, c’est sur fresque qu’il m’apparaît, ou plutôt sur film, un prodigieux film d’aventures, crépitant d’émeutes, grondant de batailles, traversé par des fuites et des poursuites en auto, ayant pour acteurs des