Dépaysement
ne impression d’exil comme je n’en
ai pas ressenti même au Mandchukuo :
pour la première fois, je me
trouve en contact direct avec les Japonais
et seul avec eux. C’est sur le bateau qui me
mène à Kobé. Je sais qu’il en est de parfaits,
mais celui-ci est loin d’être le meilleur.
À première vue, avec son bar, son salon de lecture, ses salles de bains, il est tout pareil à ceux d’Europe ou d’Amérique, mais il lui manque je ne sais quoi. Il a l’air confortable et il est incommode. Il n’est pas fait pour les gens qui l’ont aménagé. Mes compagnons de traversée, tous Japonais, semblent encore moins à l’aise que moi dans ce décor occidental et je ne sais pourquoi ce navire me fait penser à l’histoire du grand-vizir Hassan et de son eunuque, Al Barmaki.