Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/274

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les derniers modèles de nos couturiers. Elles n’ont pas éprouvé le besoin de créer pour leurs toilettes un compromis entre l’Orient et l’Occident. La raison en est qu’elles n’y tiennent pas. Lorsqu’elles s’habillent à l’européenne, elles le font non par goût, mais par devoir, parce que dans certaines circonstances c’est la toilette officielle et que, sans doute, elles veulent prouver qu’elles aussi peuvent s’habiller comme des blanches.

Il y a chez les Japonais un singulier mélange d’orgueil et, comme disent les Anglais, d’inferiority complex. Quand ils agissent ou s’habillent comme nous, ils semblent des parvenus de notre civilisation. Ils ne sont pas encore très sûrs d’eux-mêmes, ils ont brûlé trop d’étapes. Leur élite est bien trop intelligente pour ne pas s’en rendre compte. Aussi existe-t-il au Japon un courant sans cesse grandissant contre ce vain mimétisme occidental. En Chine, ce courant se dessine aussi, mais pour des raisons tellement différentes ! L’Amérique ou l’Europe peuvent plaire à des Chinois, elles ne plairont jamais à des Japonais.