Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/277

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reur Maiji, renversant quarante siècles de tradition, abolit les castes, donne la terre aux paysans, transforme les daimios en préfets, les guerriers en travailleurs et les hors-la-loi en hommes libres, lorsqu’enfin tout l’antique système s’écroule, menaçant d’ensevelir le Japon sous ses ruines, un sentiment demeure qui sauve la structure de la patrie et l’avenir de la race, un sentiment qui est le fond même de l’âme nipponne : le culte de l’honneur, du courage, du sacrifice et, pour tout dire, l’orgueil japonais.

S’il n’a pas toujours présentes à l’esprit ces traditions millénaires et cette soudaine libération, un voyageur ne comprend rien au Japon, et il est de fait que la plupart des touristes n’y comprennent pas grand’chose. Combien, en effet, parcourant cette île singulière entre toutes, déplorent que Kyoto, la ville sainte, se modernise et, amoureux d’un pittoresque romantique, s’irritent de trouver tant de complets vestons parmi les kimonos, tant de tramways au lieu de pousse-pousse, et tant de buildings au lieu de maisons de papier. Mais c’est cela, au contraire, qui est intéressant, car, en dépit des apparences, il ne faut pas