Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/276

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portugais, le Japon, chassant les missionnaires et bannissant les étrangers, se fermait à nouveau pour deux siècles.

Cette brève incursion étrangère ne modifia pas ses mœurs et la même dynastie, exilée il est vrai du pouvoir, mais gardant une autorité religieuse, durait depuis quarante siècles.

Cette île hermétique ne se contentait point de se retrancher de l’univers : la population qui l’habitait se divisait elle-même en castes dont les frontières étaient infranchissables. Au sommet, qu’il régnât effectivement ou non, était l’empereur divin, le Mikado. Venaient ensuite ses hauts fonctionnaires, puis les daimios et les samouraïs, constituant la noblesse militaire, puis le peuple comprenant les ouvriers, les commerçants, les agriculteurs, ayant leurs théâtres, leur musique à eux, leurs prérogatives, lesquelles ne pouvaient jamais empiéter sur les privilèges des castes supérieures ; enfin, la lie du peuple, les out-casts, ceux qui n’avaient aucun droit et qu’aucune loi ne protégeait.

Cependant, du ministre au paysan, du daimio au hors-la-loi, une même fierté cimentait les âmes. Aussi, lorsque l’empe-