Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/31

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la ville. Au moins, sur cette colline, on peut respirer.

L’auto, à coups de trompe, se fraie un chemin précaire.

— Il faut faire attention, s’excuse Durec : si nous écrasions quelqu’un, on nous écharperait.

— Oui, renchérit le vice-consul, c’est un prétexte qu’ils ne laisseraient pas échapper.

— Ils sont à ce point chauvins ?

— Non, mais ils détestent les étrangers. C’est la manière chinoise d’être nationaliste.

Une sourde hostilité monte de la foule, de tous ces yeux noirs qui nous dévisagent. Les hommes se rangent avec une évidente lenteur. Quelques-uns crachent.

— Des crachats voulus, pensais-je. Les femmes semblent les plus malveillantes : elles ricanent, le regard mauvais.

Nous gravissons à pied la colline où s’érige, dominant la ville, un vague monument communiste.

— C’est bien laid, dis-je.

— Tout est laid, ici, répond le vice-consul. Des rires et des murmures fusent : ce