Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/39

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— Les herbes sont des arêtes molles, me confie Durec.

— Et ce qui ressemble à des méduses ?

— Je ne sais pas, des méduses peut-être.

À présent, les plats se succèdent. Encouragé par le saké, je goûte à tout, enchanté, et même d’un plat auquel personne ne touche.

— Que voulez-vous, proteste l’Anglais, moi j’aime les chiens !

Désespéré, je tends mon gobelet et le vide d’un trait.

— Ah ! il faut que vous preniez de ce plat-là, s’écrie Durec. Il est classique : des ailerons de requins.

— Et de ce plat-ci, insiste le vice-consul : ce sont des nids d’hirondelles et je les crois d’un bon crû. Car vous savez, les nids d’hirondelles ont leurs crûs, comme les vins.

— Qu’est-ce qui leur donne cette saveur ?

— La salive. Les hirondelles de mer humectent leurs nids et c’est avec leur salive qu’elles les cimentent. Le maître d’hôtel reparaît. Tous le regardent. Armé d’un couteau, il porte religieusement une étroite cage de bambou : un petit singe dont la tête émerge y est