Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/40

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enfermé. Le cou du singe est solidement maintenu.

— Ah ! non, tout de même, pas ça, s’écrie Durec.

Ayant cru tout d’abord à un cadeau, je demande ce que « ça » veut dire.

— Dame ! explique le vice-consul, vous avez demandé un véritable menu cantonais : l’on est friand ici de ce mets-là ! Horrifié, je demande :

— On mange le singe ?

— Non, sa cervelle. On scalpe la tête avec le couteau que vous voyez, on plonge une cuillère dans la cervelle et on vous la sert toute chaude.

— C’est abominable, dis-je, l’appétit coupé.

Cependant, à l’officier anglais le maître d’hôtel demande en chinois quelque chose.

— Non, pas ça non plus, répond l’Anglais avec violence.

Je m’informe de ce que l’autre « ça » veut dire.

— Une souris.

— Cuite ?

— Non, vivante, mais nouveau-née : le bon ton exige qu’on la croque sans la faire crier.