Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rée et que je cherche un interprète, un camarade m’a recommandé sa dactylographe. Elle s’appelle Mlle da Fonseca, — tout le monde s’appelle un peu comme cela à Macao, — et désire y revoir son frère, professeur au lycée. Elle n’en a pas souvent l’occasion et l’excursion n’est pas de tout repos. Les bateaux partent à l’heure, mais il n’est point certain qu’ils arrivent, la mer étant infestée de pirates : rien n’a changé depuis Blasco Ibanez.

Il va de soi que tous les passagers ont l’espoir de faire fortune et pour cela emportent quelque argent, dont le plus souvent ils se trouvent délestés au retour, après une nuit au fan-tan. Aussi les pirates s’attaquent-ils plus volontiers aux bateaux optimistes qui font l’aller qu’à ceux plus mélancoliques qui font le retour.

Mlle da Fonseca survient comme la cloche du départ sonne. Bien que née à Macao, cette jeune Portugaise n’en est pas moins Eurasienne, étant par sa mère d’ascendance chinoise. Elle parle quatre langues, encadre de grosses lunettes d’écaille des yeux magnifiques et poudre de rose un teint de buis.