Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/53

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À peine sommes-nous sortis de la Rivière des Perles que le temps change et, sous un brusque orage, le bateau se met à danser.

— Les pirates n’attaquent point par tempête, me dit le commandant. Nous avons de la chance.

Tel ne paraît point être l’avis de Mlle da Fonseca que je ne revois plus qu’à huit heures du soir, c’est-à-dire à l’arrivée. Son frère qui nous attend sur le quai nous emmène dîner dans un petit restaurant chinois dont la seule vue me coupe l’appétit sans m’enlever ma belle humeur.

Macao en effet m’enchante. C’est une ahurissante et charmante petite ville qui, par quelques églises et maisons portugaises du seizième siècle, se souvient de ses premiers bâtisseurs, mais qui par ailleurs, bariolée, bruyante, encombrée de senteurs et de relents, pue merveilleusement la Chine. Déjà le port m’a conquis. En butte aux pirates et fuyant la mer pleine de crimes, les dernières jonques ont regagné la rive. Leurs mâts se pressent sous un ciel criblé d’astres, et les bateaux semblent déserts. Simpliste, j’en conclus que les matelots chinois dorment de bonne heure.