Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/76

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huit cents ou mille ans. Vous savez, les siècles, ici. Faut-il vous résumer l’histoire ?

— Dame ! Sans cela, je ne comprendrai rien.

— Même s’il vous la raconte, déclare Tellisson en riant, je crains que vous ne compreniez pas grand’chose et que vous soyez déçu.

— Tellisson a raison, dit Yen. C’est qu’il y a peu d’action, tout est en nuances et chaque geste est symbolique.

— Expliquez-vous.

— Eh bien, certaines attitudes, un regard, un mouvement de la jambe, une manche qui flotte expriment que le personnage descend de cheval, part pour la guerre, est marié ou amoureux. De sorte que l’intrigue commence avant même que l’acteur ne parle.

— Et le public ordinaire comprend ?

— Les gestes, oui, la langue, pas toujours. C’est une langue archaïque. Mais les légendes, il les connaît par cœur. Et puis, il y a la musique et la danse. Enfin, je vous résume l’histoire : c’est une jeune courtisane très pure…

— Comment ?