Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/77

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— Une jeune courtisane très pure, répète Yen, qui ne veut pas épouser l’empereur, lui cède cependant mais, au dernier acte, s’enfuit et se réfugie dans la lune.

— Et puis ?

— C’est à peu près tout.

— Mais quel rôle joue M. Mei-lan-Fang ?

— Chut ! Regardez, dit Yen.

Le rideau, un instant baissé, se relève. Un grand silence s’établit. La scène n’est plus nue comme précédemment, mais ornée d’un décor sommaire et un peu clinquant.

— C’est Mei-lan-Fang, murmure Yen, qui après une tournée en Amérique a importé la mode du décor.

Un cortège paraît : des guerriers aux visages polychromes et tenant une lance à la main ; d’autres au masque plâtré ; puis un personnage survient qui gravement s’avance sous un palanquin. Sa somptueuse robe incrustée le revêt d’une rutilante carapace. Un vieillard l’accompagne qui porte, ajustée au menton par un élastique, une barbe de Burgrave faite avec des flocons de laine hanche. L’empereur lève une jambe, puis l’autre et s’asseoit à une table rouge et or, Une table de prestidigitateur.