Page:Le journal, Hatin.pdf/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 171 —

rectement du bureau central des télégraphes par un fil particulier qui aboutit dans leurs bureaux, et gagnent ainsi un temps précieux, surtout pour les feuilles du soir, qui, paraissant vers cinq heures, ne peuvent donner qu'une partie des nouvelles du jour, et le commencement seulement des séances des Chambres, durant leur session.

Quant aux faits divers, qui sont devenus pour la masse des lecteurs la partie la plus attrayante du journal, ils sont fournis à la presse par les agences dont nous venons de parler, par la préfecture de police, et principalement, aujourd’hui, par le reportage, une institution anglaise importée depuis quelques années par les journaux qui ont pour principal objectif l'information, et qui, dans leur rivalité, la poussent trop souvent jusqu’à l’extrême limite de la vraisemblance, du possible.

Chez nos voisins l'information a toujours été le grand ressort du journalisme. Aussi toute une armée est-elle employée jour et nuit à alimenter ces gargantuas de la presse anglaise que nous connaissons, courant sans cesse les rues pour eux, en quête de nouvelles. On rencontre partout et à toute heure ces racoleurs de nouvelles, ces reporters, ou, pour leur donner le nom sous lequel ils sont populaires, ces penny-a-liners, écrivains à deux sous la ligne ; on les trouve au bureau des hôtels, à la porte des grands personnages malades, aux courses, aux combats de coqs, au pied de l’échafaud, dans tous les rassemblements, dans toutes les foules, allant d’une personne à l’autre, multipliant les questions, prenant des notes sur un carnet, et, si la presse est trop grande et qu’elle repousse les importuns, tenant bon et se faisant faire place en se réclamant de leur titre, en répétant qu'ils sont des « gentlemen de la presse ».