Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/145

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réussir. Mais, il faut que je vous le dise, il sera difficile d’extraire l’or de cet endroit-là. Il faudra creuser profondément, dans un sol détrempé, et travailler comme des chevaux avant d’arriver à la couche d’argile. Par exemple, une fois là, si l’on n’est pas noyé avant d’y arriver, croyez-en ma parole, on y fera fortune.

»Tenez, continua-t-il, je veux faire une affaire avec vous. Je vois que vous avez des provisions pour deux ou trois mois, tandis que je n’ai ni provisions ni argent; mais j’ai payé mon claim, et il y a tout à l’entour autant de terrain que nous en voudrons acheter: si vous êtes des hommes, associons-nous et mettons-nous immédiatement à creuser un puits.»

Nous débattîmes l’affaire avec Jake et convînmes d’aller examiner les lieux le lendemain.

Jake passa donc la nuit dans notre tente, et au point du jour nous partîmes et atteignîmes la montagne Chauve comme le soleil venait de se lever.

De cette montagne descendent, dans différentes directions, de nombreux torrents qui ont creusé chacun leur vallée. Jack of Clubs Creek avait sa source à 100 mètres environ de celle de William’s Creek, et, d’après la théorie qui explique les gisements de l’or par l’action des torrents sur le flanc des montagnes, si William’s Creek était riche, Jack of Clubs devait l’être aussi. Partout, sur cette montagne, le quartz, matrice de l’or, abondait et faisait pressentir les richesses merveilleuses de l’intérieur.

Nous suivîmes le cours du torrent sur une longueur de deux ou trois milles, et la vue de l’endroit où notre guide avait marqué son claim nous remplit d’espérance; car, s’il existait de l’or dans le lit de la vallée, il semblait impossible qu’il nous échappât. Nous décidâmes donc à l’unanimité de nous associer pour la saison.

La semaine suivante fut employée à transporter nos provisions, nos outils, et à construire une hutte assez grande pour cinq. Nous marquâmes aussi nos claims, payâmes les droits et nous mîmes au travail. Deux d’entre nous s’occupèrent d’abattre le bois dont nous avions besoin, un autre de creuser une tranchée le long de la colline pour nous procurer une chute d’eau, et les deux autres de creuser le puits.

Nous étions parvenus, à force de travail, à creuser un trou de quarante pieds de profondeur lorsqu’une crue soudaine du torrent inonda notre puits, le remplit presque jusqu’au bord de débris de toute espèce et, en une nuit, détruisit tout notre ouvrage. En vain essayâmes-nous d’une pompe de notre invention pour vider notre puits; nous n’y pûmes réussir, et il nous fallut en creuser un autre à une petite distance du premier. Une nouvelle inondation détruisit