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ail de leur jardin tout l’agrément et même aussi toute l’utilité possibles.

Mais d’abord arrêtons-nous à quelques notions générales. que doit posséder toute personne qui veut faire de l’horticulture.

Il importe, en premier lieu, de se rendre compte de la nature du sol, pour la modifier au besoin par des mélanges ou amendements.

Les jardiniers connaissent trois espèces de sol : le sol léger ou le sable domine, et que pour cette raison ils appellent sablonneux; le sable est très-perméable à l’eau, les rayons du soleil réchauffent facilement. Vient ensuite le sol argileux ou terre forte, que l’eau réduit en pâte tenace, qui adhère aux mains et aux outils. Cette terre une fois mouillée est lente à sécher, et par conséquent froide. Nous tromons enfin le sol dit calcaire , parce qu’il renferme de la chaux. Comme densité, comme aspect, il tient le milieu entre les deux autres. La meilleure terre, pour la généralité des cultures, serait celle où figurerait dans une juste mesure chacun des divers éléments. C’est pourquoi, si l’on a un sol qui soit trop essentiellement sablonneux, il sera bon d’y introduire un peu de terre argileuse, et vice versa.

D’ailleurs, quand il s’agit d’un espace restreint à cutliver, et quand la culture peut comprendre des végétaux variés, il serait assez difficile de désigner rigoureusement le sol qui doit être préféré. Au surplus, si à l’aide de. quelque mélange on a rendu le sol du jardin ni trop léger ni trop fort , cela suffit. C’est par le plus ou moins û* engrais, par des additions de terreau ou de terres spéciales qu’on arrivera aux résultats désirés.

L’engrais est l’auxiliaire indispensable de l’horticulteur: c’est V aliment réparateur des forces du sol. On peut demander de l’engrais aux étables de tous les animaux herbivores; mais le plus usité, le plus facile d’ailleurs à se procurer, est celui des chevaux, avec la litière déjà entrée en décomposition.

Outre qu’il faut, dans beaucoup de cas, mêler cet engrais au sol pour le nourrir, il convient d’en avoir toujours en réserve pour diverses opérations qui sans cela seraient impossibles.

Le terreau est ordinairement produit dans nos jardins par de fumier de cheval arrivé à son dernier état de décomposition. Quand il a servi à faire des couches ou à les réchauffer, on le met en tas, on y jette des débris de plantes, des feuilles d’arbre; tout cela se putréfie, se décompose ensemble, et il en résulte une sorte de terre noirâtre, légère, qui est essentiellement utile, et dont il importe de ne jamais manquer.

Nous avons parle de terres spéciales; il nous suffira d’indiquer la terre dite de bruyère , que certaines plantes délicates réclament absolument. Son nom dit ce qu’elle est. Elle se distingue surtout par l’absence de calcaire et d’argile. Quand on ne peut aller la chercher dans les endroits ordinairement sablonneux où poussent les bruyères, et où se môle au sol l'humus, ou terreau naturel, produit par la décomposition des feuilles et des plantes mortes, on l’imite en faisant un mélange de sablé et de terreau que* fournit la seule décomposition de feuilles laissées en tas à l’air et à la pluie.

Maintenant apprenons l’utilité et la manière de construire les couches. On entend par couches, des espèces de serres chaudes fort élémentaires, qui permettent d’anticiper sur le cours des saisons, pour avoir des plantes que la chaleur fait germer et grandir bien avant l’époque où le même résultat pourrait être obtenu en plein air. La chaleur est fournie par la fermentation qui s’établit dans le fumier de cheval, — chaleur qui pourrait s’élever jusqu’à- 80 ou 90 degrés.

Il importe qu’on ait au moins une couche pour les semis de plantes qu’on veut avoir prêtes à transplanter en pleine terre au printemps. Voici le moyen simple de la construire.

On choisit d’ordinaire, pour la placer, l’abri d’un mur faisant face au midi ou au couchant. On dispose, lit partit, du fumier de cheval qu’on piétine, en l’arrosant s’il est trop sec; on en met ainsi une plus ou moins grande épaisseur, variant ^de 30 à 80 centimètres, selon qu’on veut la couche plus ou moins chaude.

Quand ce premier fonds est installé, on pose autour des planches formant coffre en ayant, pour recomrir le tout, soit un vitrage fait exprès, soit une vieille fenêtre; puis sur le lit de fumier on’ étend une épaisseur de 12 à 13 centimètres de terreau. Le fumier fermente et maintient sous le terreau une chaleur qui provoque la végétation des graines qu’on y a semées. On sème. On place le vitrage sur lequel, tant que durent les froids, on étend en outre un paillasson ou simplement de la paille sèche; et, comme à l’intérieur de la couche règne une chaleur relativement douce, les jeunes plantes se développent en dépit de la température extérieure, dont la rigueur les tuerait.

Quand il ne gèle pas trop fort, il ne faut pas courir pendant le jour, car les plantes- f ont besoin de lumière; le séjour trop prolongé dans l’obscurité les étiolerait, comme nous voyons que cela a lieu pour divers légumes: chicorée, céleri, etc. Quand vient l’époque de la transplantation, ce il est que graduellement qu’il faut donner de l’air aux plantes nées dans les couches; on soulève d’abord un peu le couvercle, pendant le meilleur moment de la journée, puis un peu plus, et ainsi de suite; car si la transition était trop rapide, les plantes périraient. C’est lentement qu’elles doivent prendre l’habitude du grand air.

ün moi des arrosements. L’eau est indispensable à la plupart des plantes; mais on doit savoir la leur mesurer convenablement et la leur donner dans les conditions voulues. Une précaution fondamentale; c’est que l’eau ne soit pas trop froide. Si donc on n’avait que de l’eau de source, il ne faudrait l’em-