Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/22

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aurores boréales ont apparu en Europe et aux Etats Unis et se sont manifestées ailleurs par des perturbations dans les lignes télégraphiques. N’y a-t-il pas un lien physique, un rapport de cause à effet entre ces phénomènes, ou leur coïncidence est-elle fortuite ? Graves et intéressants problèmes où nous aurons tout au moins, si nous ne savons les résoudre, l’occasion de satisfaire en partie noire curiosité et le désir de nous instruire.

A. Guillemin.


LES CORMORANS

DU JARDIN D’ACCLIMATATION

Nos jeunes lecteurs se demanderont sans doute pourquoi nous leur parlons d’abord du cormoran, pourquoi nous ne commençons pas par des généralités sur les oiseaux, sur les caractères qui forment les grandes classes ou familles, sur les genres, les espèces, et les individus ? delà serait plus conforme au méthodes d’enseignement, mais nous n’avons [tas la prétention de faire ici le professeur. Nous voulons tout simplement causer de choses et autres avec nos lecteurs, nous voulons leur dire, comme a des amis, nos impressions sur tout ce que nous rencontrerons d’intéressant dans nos promenades à travers champs, au Jardin des plantes, à celui d’acclimatation ou ailleurs. Les jeunes gens sont curieux, ils aiment voir, contrôler ce qu’on leur enseigne : ils ont raison. Le Journal de la Jeunesse leur donnera cette satisfaction par de bonnes gravures et par des études exactes qui s’adresseront aussi bien il leur curiosité qu’à leur mémoire. Instruire en intéressant, voilà notre pensée, l’utiliser les heures de récréation quand il l’ail vilain temps ; employer les jours de sortie et les vacances à visiter ce que le journal aura décrit, voilà comment nous voudrions que ces jeunes gens employassent tant d’heures perdues.

Eh bien donc, mes jeunes amis, je vous dirai que la semaine dernière, par uni ; de ces rares journées où le soleil ne s’était pas voilé la face, je suis parti pédestrement jusqu’au Jardin d’acclimatation.

J’avais l’esprit triste comme la saison j’aperçus dans un des petits parcs du jardin plusieurs oiseaux qui, par leur attitude un peu morose, ne semblaient pas non plus très-disposés à la joie. Ils se tenaient tout debout, appuyés sur leur longue queue comme sur des baguettes rigides, ils baissaient le nez, et regardaient à peine de leur d’il débonnaire les curieux qui voulaient les faire sortir de leur torpeur. C’étaient des cormorans, oiseaux appartenant à la grande, famille des palmipèdes et ayant un certain ail’de ressemblance avec, les canards, n’étaient la longueur et la rigidité de leur queue, la grandeur et la courbure de leur bec. Je passai quelque temps à essayer de les faire bouger, impossible Posés sur leur queue, ils étaient aussi impassibles que des sénateurs romains, quand un homme, un seau à la main pénétra dans leur parc c’était leur gardien et leur pourvoyeur, le brave Plé. A son arrivée, je pus me convaincre que le besoin de manger exerce sur les animaux, comme sur l’homme, une puissante influence. A la vue du seau, flairant sans doute la viande mise en morceaux, qui était appétissante, ils s’agitèrent avec joie et se précipitèrent autour du gardien. Plé leur jeta dans le bassin de gros morceau de chair de cheval. Alors "je les vis plonger, puis voguer sous l’eau et arriver à la distance de plusieurs mètres juste à l’endroit où la chair était tombée, puis, revenant au rivage, l’avaler tout d’un trait.

A l’état de liberté, le cormoran n’est pas hippophage ; il habite les côtes maritimes, il fait là une chasse aux anguilles, qui le redoutent comme le plus impitoyable pirate. Son bec, fortement courbé à son extrémité, tonne comme un hameçon à l’aide duquel il accroche sa proie. Quand il la saisit par la tête, rien de plus simple le poisson descend avec aisance et facilité dans le gosier du cormoran. Mais s’il l’accroche par l’extrémité opposée, la déglutition n’est plus aussi commode. Les nageoires, les crêtes, les écailles sont autant d’obstacles. Que fait alors le cormoran ? Il lance son poisson en l’air et quand il fait demi-tour, il tend le bec et sans jamais manquer son coup, le reçoit toujours la tête la première. ̃Il est impossible de voir un jongleur plus habile : nous allons démontrer qu’il n’est pas moins bon pêcheur.

A suivre

Ernest Menault