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L'INCENDIE DE BOSTON


I


En moins de deux années, dos incendies désormais historiques ont ravagé trois villes qui personnifiaient le progrès, l'indépendence s'épanchaient dans lonto leur sévo. Paris, la villo meurtrie, perd on quolqnos heures lo prestige de ses chnniios sous l'étreinte do ses pnfnnts affolés. Chicago, In jeune cité do l'Ouest, la plus prospère, la plus florissante des Elats-L'nis, disparaît au milieu d'un tourbillon de flammes; ol Boston, le sanctuaire de la liberté américaine, lioston, qui fut témoin des premiers succès des héros de l'Indépendance, Boston, patrie de Benjamin Franklin, ce second grand homme de l'Union, est également à 'moitié détruite par un incendie, qui semble ainsi avoir 1 frappé au cœur la villo essentiellement nationale do la grande république.

Jetons d'abord un coup d'œil sur la iopographie de l'infortunée cité.

Elle se présente sous une l'orme assez étrange. en fragments épars sur une presqu'île, dos îles, dos promontoires que baigne de ses bras sinueux un vaste havre formé à l'embouchure du Charles River.

Quatre parties principales la composent la ville de Boston proprement dite, East Roston, South Boston et Charlestown.

La ville proprement dite, ou la Vieille Boston (Old Boston), occupe une péninsule d'environ 700 acres (283 hectares), d'un sol inégal et montueux, qui forme trois collines assez escarpées. L'isthme qui la joint au continent est le Neck, jadis étroit et couvert à marée haute, mais fort élargi aujourd'hui et parcouru par quatre belles avenues qui se rendent à Hoxbury. Los Anglais, en fortifiant le Neck, au commencement de la guerre de l'Indépendance, purent se maintenir longtemps dans Boston. Sept ponts unissent, en outre, la presqu'île aux autres quartiers, et il faut ajouter à ces communications la Western Avenue, d'environ deux kilomètres do longueur, qu'on a établie sur une puissante digue à travers une baie dans lit direction de Brookline. South Boston s'étend au sud du port, sur un terrain niontiioiiv aussi. C'est là que s'élèvent les fameuses collines des Dorchester Heights, où les Américains, pondant la guerre de l'Indépendance, établirent les fortifications redoutables qui leur permirent do chasser les Anglais de la presqu'île. (In jouit, du haut de ces collines, do la plus magnifique vue sur Itoston et sos environs. L'n vaste réservoir y reçoit les eaux excellentes de l'aqueduc qui vient du lac Coehituatoot il les distribue dans toutes les parties dp la ville.

East-Boston occupe l'île de Noddle: on n'y voit que manufactures, que cheminées à vapeur, que le mouvement de l'industrie et du commerce.

Charleslnwu, au nord, quatrième partie de Boston, mais considérée comme une cité à part et indépendante, est (1ère de son arsenal maritime, de ses superbes chantiers de construction, de son hospice modèle d'aliénés, le Mac-Lean Asylum, mais surtout de sa colline Hunker's Hill, où se livra, le I7 juin 1775. la bataille qui lui le signal de la liberté américaine et que rappelle un bel obélisque érigé on ce lieu.

II

Penetrons maintenant dans l'intérieur de Boston. Les rues, dans la »illo proprement dite sont moins largos et moins régulières que dans les jeunes cités américaines, si remarquables par louis

voies droites et uniformes. Le terrible sinistre a l'ail une formidable trouée à travers les quartiers les plus irréguliers, et bientôt sans doute de brillantes constructions s'élèveront sur col emplacement qui ne présente aujourd'hui que l'image de la ruine.

L'œuvre de destruction s'est arrêtée au beau parc Common et n'a pas heureusement atteint le Jardin botanique.

Le port est sur, bien défendu par des iles et des fortifications, bordé de quais et do docks admirablement disposés; d'innombrables navires venus des cinq parties du monde y circulent sans cesse; des paquebots, semblables à des messagers rapides, mettent en incessante communication toutes les parties de la