Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/405

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tement à la surface et prend feu instantanément en produisant 'une' flamme du plus vif éclat, qui dure dans toute son' intensité pendant trois quarts d'heure et donne une clarté encore perceptible à une assez grande distance pendant plus de deux heures. Supposons maintenant que, par une nuit noire en mer, un homme tombe à l'eau on lance immédiatement l'appareil à la mer. Si l'homme sait nager, il se dirige vers la lumière, l'embarcation détachée du navire en fait autant, et le fanal-bouée devient le rendez-vous où l'homme est sauvé.

La plupart du temps, lorsqu'un homme tombe à •la mer pendant la nuit, quelque bon nageur qu'il soit, il est infailliblement perdu. Avant que,le navire ait pu ralentir sa marche pour mettre une embarcation à flot, le malheureux est déjà loin, le bruit, des vagues couvre ses cris désespérés, et ceux qui viennent à son secours, n'ayant rien pour les guider au milieu des ténèbres, se voient contraints, après de longues et infructueuses recherches, de l'abandonner à son triste sort. La nouvelle bouée lumineuse sera donc l'instrument du salut de plus d'un pauvre marin. Vous vous demandez sans doute par quel moyen on peut obtenir cette flamme si brillante qui ne se produit qu'au contact de l'eau. On emploie pour cela une substance que l'on prépare en faisant absorber du phosphore à de la craie chauffée à une haute température. On forme ainsi du phosphure de calcium, qui a la propriété de produire au contact de l'eau de l'hydrogène phosphoré, gaz spontanément inflammable.

L'appareil lui-môme est fort, simple c'est une forte boîte cylindrique en étain terminée par un bec de cuivre et placée au milieu d'un flotteur. Pour s'en servir, il suffit de couper au couteau Les couveréles supérieur et inférieur en métal mou et de jeter l'appareil à l'eau. L'eau pénétrant)! dans le tube inférieur décompose le phosphure et en dégage immédiatement une quantité considérable d'hydrogène phosphore, qui s'échappe par le bec de cuivre et s'enflamme au'contact de l'air.

P. Vincent.


L'ECLIPSE DE SOLEIL

Du 26 Mai

Le lundi 20 de ce mois, dans la matinée, si le temps est favorable, nous pourrons observer un phénomène astronomique, à la vérité fort simple, mais que les esprits curieux des choses de la nature et de la science suivent toujours avec un certain intérêt. Il s'agit d'une éclipse de soleil. Deux semaines auparavant, le 12 mai, avait lieu une éclipse totale de lune, dont nous ne disons rien parce qu'elle était invisible en France, la lune étant couchée pour nous à l'heure où son disque lumineux entrait dans l'ombre de la terre.

̃L'éclipsé du 26 mai ne sera que partielle. Cela signifie qu'en aucun point de la surface de la terre le cercle lumineux du soleil ne sera entièrement caché par l'interposition du disque sombre de la lune. On verra seulement le' disque radieux peu à peu entamé suivant un arc circulaire, dont l'empiétement variera, d'ailleurs selon les lieux, où L'éclipsé sera visible. C'est en Asie, en tnr point de la Sibérie situé entre l'une des!) ranch.es de riéniséï,ila Toungoùhska inférieure et le fleuve Olénekvqu'aura lieU 'H éclipse la plus 1 complète ce<qu!èrles1as"tfonomes appellent là plus grande phase:'Le diamètre du. soleil sera entamé de près des'ïi'euf îlixièntfes mais à Paris, en l France," en Algérie' r'il'lc sera? beaucoup. moins: 'A Alger, la'lune n'empié"tôra"'guère;s'ur" le disque solaire que d'un dixièVnè' dirdiànîètfc; à Marseille 'de moins de deux dixièmes; à'Toulqûse d'un peu plus de deux 'dixièmes, à Paris 'de"pr<j"s de trois dixièmes. des différences s'expliquent fort bien si l'on s'imagine que la lune est comme un personnage qui vient se 'mouvoir au-devant, de la lampe commune; le soleil, et qui en masque des portions plus ou moins grandes aux divers spectateurs, selon la position relative de chacun d'eux. D'autres spectateurs; j'entends d'autres régions de la terre, mieux' ou moins bien favorisés, comme on voudra, ne verront rien de l'éclipsé, bien que le soleil doive être sur leur horizon pendant toute la durée'du phénomène.

J'en resterai là pour cette fois, sur l'explication des éclipses de soleil; mais comme, parmi les lecteurs du Journal de la Jeunesse quelques-uns peuvent être curieux d'examiner celle qui aura lieu lundi, j'entrerai dans quelques détails sur les moyens d'observation.

D'abord voici les heures des principales phases de l'éclipsé pour quelques points du territoire de la France:

A Paris/le disque solaire sera entamé à 7 heures 45 minutes du matin, en un point situé un peu à l'ouest du point nord, c'est-à-dire du point du disque le plus rapproché du zénith. A 8 heures 35 minutes, l'éclipsé sera parvenue à son milieu et à sa plus grande phase; elle aura alors l'aspect que montre la figure. A 9 heures 2S minutes, elle sera terminée.

Pour Marseille, les heures seront les suivantes commencement de l'éclipsé à 7 heures' 56 minutes du matin (temps moyen de Marseille); milieu de l'éclipse à 8 heures 36 minutes, et la fin' à' 9 heures 17 minutes. L'échancrure de la phase maximum, sera bien moins prononcée qu'à Paris, le bord sombre de la lune ne pénétrant, comme on l'a vu plus haut, qu'aux 17 centièmes du diamètre solaire.

Enfin, à Toulouse, l'éclipsé commencera à heures 32 minutes, finira à 9 heures 20 minutes, et son point milieu aura lieu à 8 heures 35 minutes du matin, le tout en temps moyen de Toulouse. La plus grande phase sera comprise 'entre celles de Paris et de Marseille.