Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/406

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Il n'en est pas du soleil comme des autres astres, qu'on peut impunément regarder à l'œil nu ou même observer avec des lunettes grossissantes. Ce serait une expérience toujours pénible, souvent dangereuse pourra vue.

11 faut nécessairement se servir d'un verre coloré d'une nuance plus ou moins foncée qu'on interpose entre l'œil et l'astre et qui en adoucit l'éclat. Au travers d'un verre bleu foncé ou noir, sa lumière est assez vive encore pour que le disque se montre comme un cercle d'un blanc mat et doux, sur lequel l'échancrure pourra se voir avec une grande netteté. Surtout, qu'on se garde bien d'observer le soleil avec une lunette, si l'on n'a préalablement garni extérieurement t l'oculaire d'un verre noir. Pour avoir négligé cette précaution des observateurs sont devenus aveugles.

Le procédé le plus simple, le plus expéditif quand on n'a pas de verre coloré à sa disposition, c'est de noircir un morceau de verre à vitre, de glace, à la flamme d'une chandelle ou d'une bougie. Une couche de noir de fumée se dépose ainsi à la surface du verre, mais il faut avoir soin de la répartir bien également pour que du soleil se voie au travers partout semblablement affaiblie.

On vend chez les opticiens un petit instrument qu'on nomme hélioscope à biseau, parce qu'il est formé de deux lames de verre amincies triangulairement, l'une blanche, l'autre noire et assemblées en sens inverse le tout a l'épaisseur d'une lame à bords parallèles, mais offrant d'un bout à l'autre une insensible dégradation de teintes. On choisit en tAlonnant le point où le disque du soleil est suffisamment affaibli pour sa vue. Dans les éclipses totales, ou dans les éclipses partielles dont la plus grande phase est assez considérable pour que la lumière solaire suit fortement diminuée, on emploie des portions de l'hélioscope de plus en plus claires jusqu'au milieu de l'éclipsé, cl à partir de ce moment on procède en sens inverse jusqu'à la fin.

En voilà assez pour que mes jeunes lecteurs s'improvisent observateurs de la prochaine éclipse, sans grands frais. Ceux qui voudront .plus de détails les trouveront dans les manuels d'astronomie je les ai moi même consignés dans un petit ouvrage sur le soleil. .Mais je terminerai cette courte note en rappelant un autre mode assez original, d'observation des éclipses. « Ce procédé dit M. Babinet n'exige pas même que l'observateur se tienne au soleil ou sorte de son appartement. Un valétudinaire, sans quitter son lit, peut être spectateur de l'éclipsé. » Ce moyen consiste simplement à placer en plein soleil un fragment de miroir qui renvoie par réflexion les rayons de t'astre sur un écran blanc, sur le plafond ou sur les murs de la pièce où se tient l'observateur.

A. Guillemin.