Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/63

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poser à toutes les vicissitudes de fortune que ne peut manquer d’offrir la recherche de l’or. Je voulais, au contraire, me jeter immédiatement au milieu de la mêlée, et je le trouvais même bien pusillanime de ne pas partager mon ardeur. Mais, comme sa détermination était tout aussi irrévocable que la mienne, toute discussion ultérieure était inutile. Nous nous séparâmes en nous souhaitant l’un à l’autre toutes sortes de succès.

Je dois dire que, pas plus tard que le jour suivant, ma résolution eut un rude assaut à soutenir. Une offre très-séduisante me fut faite par un homme de loi dont j’avais, par hasard, fait la connaissance et qui me conseilla fortement de ne point me rendre aux mines. «Un mineur, me dit-il, n’est rien autre chose que le canal qui sert à conduire l’or dans la poche des autres. Sans doute le mineur n’admettra jamais qu’il en soit ainsi; mais il n’en est pas moins vrai qu’il n’est qu’un agent qui travaille pour nous. Pour deux ou trois mineurs qui ont su garder l’or qu’ils ont trouvé, je pourrais vous en citer des centaines entre les doigts desquels l’or a coulé comme l’eau. Pour nous, au contraire, gens de la ville, nous n’avons qu’à attendre à la côte que le flot de ces pauvres êtres abusés vienne nous apporter les richesses, fruit de leurs durs travaux.»