Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/64

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Quelque absurde que fût l’agitation à laquelle j’étais en proie, elle était d’autant plus pardonnable que presque tout le monde la partageait. Il n’était pas jusqu’aux hôteliers, gardes-magasins et autres rapaces de tous genres, qui ne fussent éblouis par les histoires de fortunes soudaines qui nous étaient rapportées tous les jours, au point d’abandonner les bénéfices assurés de leur état pour courir les chances incertaines de la recherche de l’or. La ville tout entière était dans un état de surexcitation indescriptible, et il aurait vraiment fallu une fermeté à toute épreuve pour résister aux tentations que faisaient naître ces récits merveilleux.

Une fois ma résolution prise, je ne perdis point de temps. J’achetai une paire de mules, autant de provisions qu’elles en pouvaient porter, les quelques outils indispensables, et, ayant rejoint quelques-uns de mes compagnons de voyage qui venaient de s’équiper de la même façon, je me dirigeai avec eux vers un des bateaux à vapeur qui s’apprêtaient à partir pour New Westminster. Ce ne fut pas sans quelques difficultés que nous persua-