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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/102

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CHAPITRE IV

L’AVÈNEMENT DU RÈGNE DE DIEU D’APRÈS LE PROPHÈTE DANIEL[1]


Au moment où la nation était engagée dans la lutte suprême avec Antiochus Épiphane, une grande voix se fit entendre, venue d’un passé déjà lointain, des temps où l’empire Chaldéen avait été remplacé par les Perses : c’est celle du prophète Daniel, enfant de race noble, peut-être royale, transporté à Babylone lors de la conquête de Nabuchodonosor, et dont la sagesse inspirée de Dieu s’était imposée au respect de ce grand roi, puis de Baltasar, le dernier roi de Babylone, enfin de Cyrus et de Darius. L’œuvre de Daniel est sous nos yeux, avec cette particularité unique que le texte qui contient son histoire et ses prophéties nous est parvenu en fragments écrits en trois langues : une partie en hébreu, une partie en araméen, une partie en grec[2].

Les critiques qui n’acceptent pas l’autorité des opinions traditionnelles sont unanimes à reconnaître dans ce livre, du moins dans les parties hébraïque et araméenne, l’œuvre d’un juif patriote et fidèle à la Loi dans la grande crise religieuse, qui apporta à ses frères le secours de sa foi enflammée, annonçant d’après ses révélations la ruine d’Antiochus, et le règne de Dieu établi sur les débris des grands royaumes de la terre. L’exégèse conservatrice note avec raison les indices d’antiquité contenus dans le livre. Il nous disait, ce que personne ne savait jusqu’à ces derniers temps, que Baltasar avait été le dernier roi de Babylone, et on l’a accusé d’erreur jusqu’au jour où les inscriptions cunéiformes ont fait connaître ce nom, et révélé en 1924 qu’en effet Baltasar avait été nommé roi de Babylone par son père Nabonide. De pareils faits commandent la réserve. D’autre part, les inscriptions araméennes anciennes découvertes récemment[3] permettent de classer à une époque postérieure, vers le

  1. La prophétie des soixante-dix semaines de Daniel, dans RB., 1930, p. 167-198.
  2. La partie grecque est l’histoire de Suzanne et Bel et le dragon (XIII et XIV), deux appendices qui n’ont aucun rapport avec la période macchabéenne. L’araméen va de II, 4b à la fin du ch. VII. Le reste est en hébreu. Sur l’origine de cette double forme et les différentes rédactions, on peut consulter R. H. Charles, A critical and exegetical Commentary on the book of Daniel, Oxford, 1929, et la recension de la RB., 1930, p. 276-283.
  3. Les papyrus d’Assouân.