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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/107

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comme Alexandre, comme Antiochus Épiphane, mais un roi venu du ciel. Ceux qui en feront partie seront les Saints du Très Haut, mais le règne ne sera pas tant le leur que le sien. Le roi suprême sera le Seigneur, figuré par l’Ancien des jours, qui donnera la puissance au Fils de l’homme. Les saints ne seront donc pas gouvernés directement par Dieu dont les commandements seraient transmis par les prophètes, comme au temps de Samuel. A ce régime a succédé le gouvernement des rois, qui, d’après l’espérance nationale, devait être relevé dans la personne d’un roi fils de David.

Cette promesse de Dieu avait été enregistrée par Isaïe en termes magnifiques, qui accentuaient fortement l’origine humaine du roi à venir, fils d’une jeune fille, c’est-à-dire d’une Vierge, annoncé à la maison de David, et présenté d’abord comme un enfant semblable aux autres : « Car un Enfant nous est né, un Fils nous a été donné »[1].

Pourtant cet enfant n’était pas seulement appelé à un trône « pour agrandir la souveraineté, et pour la paix sans fin, sur le trône de David et dans son royaume » ; il avait droit aussi à des titres qui ne conviennent qu’à Dieu : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-fort, Père à jamais »[2].

L’enfant né sur la terre était salué comme un Dieu. Dans Daniel, on dirait presque d’un ordre inverse. Celui qui vient avec les nuages du ciel descend en quelque façon du ciel, mais il apparaît comme un homme, il est un homme puisqu’il reçoit le pouvoir royal. Comme fils de David, il avait droit dans Isaïe à étendre les frontières de Juda jusqu’à l’Euphrate, comme fils de Salomon, l’hommage de tous les peuples lui était dû[3]. Avec Daniel l’horizon s’est étendu jusqu’au ciel même, où l’Homme sera placé près de Dieu, non plus au titre de sa généalogie davidique, mais en raison de son origine céleste.

Le messianisme, essentiellement le même dans Isaïe et dans Daniel, apparaît donc ici sous un autre aspect. Ni Isaïe ni Daniel ne prononcent le nom de Messie à propos du Roi. Dans Daniel le premier oint est Cyrus, ou selon d’autres Zorobabel, ou le grand prêtre Josué ; le second oint est le grand prêtre Onias. Mais ce sont là des degrés qui conduisent plus haut : la grande œuvre de l’avenir sera l’onction d’une « sainteté des saintetés »[4], soit que cette sainteté désigne le Messie en personne, soit plutôt qu’elle doive être répandue sur tout un édifice qui sera le symbole du règne de Dieu de l’avenir. Nous faisons allusion ici à une vision nouvelle[5], destinée moins à fixer le temps de l’intervention divine qu’à en dessiner

  1. Is., viii, 5.
  2. L. l., Trad. Condamin.
  3. Ps., lxxii, 8-11.
  4. Dan., ix, 24.
  5. Dan., ix, 24-27.