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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/109

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introduire la justice éternelle, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre une sainteté très sainte[1].

Le terme précis des soixante-dix semaines peut être discuté. Ce qui est sûr, c’est que dès le moment où le grand ennemi de Dieu sera frappé, Dieu va commencer son œuvre, son règne est dans la perspective prochaine, il n’y aura qu’à s’y préparer. L’essentiel est de savoir en quoi doit consister cette intervention de Dieu : elle consiste à pardonner le péché, à introduire la justice. Désormais la prophétie est à son terme, la réalité qui en est l’accomplissement est en vue et cette réalité est l’onction d’une chose très sainte[2] où l’on ne peut refuser de reconnaître l’Église de Jésus-Christ.

Daniel faisait donc une large place, toute la place, dans le règne de Dieu à la sanctification ; ce devait être le royaume des Saints. De sorte qu’ils n’avaient pas à entrevoir l’exercice d’une royauté profane, dans l’intérêt exclusif d’Israël. Et il était même permis de conclure que les monarchies ou les États de la terre, détruits comme les symboles de l’opposition à Dieu, pourraient et devraient continuer d’exister, en prenant soin de ne plus attenter au droit du Roi des rois.

La perspective demeurait celle de l’ancienne prophétie, dont la réalisation devait apparaître sur la terre. Au delà, la résurrection, la récompense et le châtiment. A ce point suprême, l’histoire n’était pas nettement distincte de l’éternité. La lumière n’était point complète, et le problème demeurera posé pour les Juifs, non résolu, de savoir si la résurrection serait antérieure à l’avènement du Messie ou si elle serait renvoyée à un au-delà transcendant[3]. Il était réservé au christianisme de faire plus de clarté.

  1. ix, 24.
  2. Quelques traits ont été compris différemment par les différents commentateurs. Le dernier, le Rév. Charles traduit au début : « compléter la transgression, amener les péchés à leur comble ». Toujours est-il qu’ils sont effacés et que la justice éternelle les remplace. On peut, nous l’avons dit, se demander plus justement si l’onction ne s’appliquerait pas à une personne ? Le plus sûr est de penser, avec le R. P. Knabenbauer, à un sanctuaire, symbole du règne de Dieu.
  3. Le Messianisme…, p. 176-185.