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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/309

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bien être de l’histoire. A ce propos Josèphe a noté que les Pharisiens se sont fait une seconde nature d’employer des châtiments modérés[1], puis ceci qui est d’importance :

Ant., XIII, x, 6 : Les Pharisiens ont imposé au peuple, comme venant de la succession des pères, des points de droit qui ne sont pas inscrits dans les lois de Moïse, et que la secte des Sadducéens rejette pour cela même, disant qu’il ne faut tenir comme légal que ce qui est écrit, et [qu’on n’est pas obligé] d’observer ce qui vient de la tradition des pères. Ce fut la cause de beaucoup de recherches et de dissensions, les Sadducéens n’ayant convaincu que les riches sans réussir à se faire suivre du populaire, tandis que les Pharisiens avaient la foule pour alliée.

Hyrcan pensait avoir porté un coup droit aux Pharisiens en condamnant les lois de surérogation qu’ils avaient imposées au peuple. Ce n’est pas par là qu’ils auraient gagné la faveur populaire. Plutôt le peuple leur resta fidèle malgré tout, leur ayant accordé sa confiance pour une autre raison.

La Guerre des Juifs, écrite avant les Antiquités, ne parle des sectes qu’après le temps d’Hérode :

Bell., II, viii, 14 : Des deux premiers (partis), les Pharisiens qui ont la réputation d’expliquer les institutions légales exactement et qui dirigent la première secte, rattachent tout au Destin et à Dieu. Que l’on pratique ou non la justice, cela, pour le principal, dépend des hommes ; cependant le Destin aussi concourt dans chaque cas. Toute âme est impérissable, mais seule celle des bons passe dans un autre corps, tandis que celles des méchants sont punies d’un châtiment éternel. Les Sadducéens, le second parti, suppriment complètement le Destin et n’admettent pas que Dieu fasse quoi que ce soit de mal, ni qu’il exerce un contrôle ; ils disent que le bien et le mal sont proposés au libre choix des hommes et que l’un ou l’autre découle de la décision d’un chacun. Ils suppriment la survivance de l’âme et les châtiments et les récompenses dans l’Hadès. Et les Pharisiens s’aiment entre eux et s’efforcent de se maintenir en bon accord avec la nation en général, tandis que les Sadducéens ont des mœurs moins civiles les uns envers les autres, et les relations sont rudes envers ceux du même sentiment comme envers les étrangers.

Nous sommes toujours dans le domaine des questions sur le libre arbitre et le concours divin qui sont même plus approfondies[2]. Mais Josèphe aborde en outre le problème essentiel, agité par tout le monde, de la survivance après la mort. De plus il esquisse l’attitude que les partisans des deux sectes prenaient entre eux et envers le reste de la nation : les Pharisiens sont aussi désireux de gagner la sympathie que les Sadducéens en sont dédaigneux.

  1. φύσει πρὸς τὰς κολάσεις ἐπιεικῶς ἔχουσιν οἱ Φαρισαῖοι.
  2. Fate and Free Will in the Jewish Philosophies according to Josephus, par G. Foot Moore (Harvard theol. Rev. oct. 1929). Ce mode de classification aurait été le fait de Nicolas de Damas transcrit par Josèphe : conjecture proposée sous toutes réserves.