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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/310

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Voici maintenant le tableau définitif au moment où les Romains s’installent en Judée :

Ant., XVIII, i, 3 Les Pharisiens professent un genre de vie très simple, n’accordant rien à la mollesse, et ils règlent leur estime des biens sur le jugement que leur a transmis la raison, estimant qu’ils doivent s’attacher à observer ce qu’elle a dicté. Ils cèdent à l’autorité de ceux qui sont avancés en âge, et aucun audacieux ne s’élève pour contredire ce qu’ils ont établi. Estimant que toutes choses se font par l’ordre du Destin, ils ne dépouillent cependant pas la volonté humaine de son action sur elles, Dieu ayant jugé bon d’opérer une fusion, en sorte que le volontaire de l’homme concoure avec son conseil, le résultat étant vertu ou vice. Leur foi est que les âmes ont une vigueur immortelle et qu’il existe sous la terre des châtiments et des récompenses, selon qu’elles se sont appliquées durant la vie à la vertu ou au vice, avec la perspective pour les unes d’une prison éternelle, pour les autres, de la faculté de vivre de nouveau. Et c’est pour cela qu’ils sont en crédit auprès du peuple, et que toutes les choses divines, prières et oblation des sacrifices sont accomplies selon leur interprétation. Les villes ont rendu hommage à tant de vertus, pour l’application à ce qu’il y a de plus parfait et dans la pratique et dans la doctrine.

4. La doctrine des Sadducéens fait évanouir les âmes en même temps que les corps, et ils ne se soucient aucunement d’observer autre chose que les lois ; être en désaccord avec les maîtres de la sagesse qu’ils professent est pour eux une vertu[1]. Cette doctrine n’a pénétré que chez peu de personnes, à vrai dire les premières en dignité. Ils n’ont pour ainsi dire aucune action. Car lorsqu’ils arrivent aux charges, malgré eux et par nécessité, ils concèdent tout ce que dit le Pharisien, pour ne pas se rendre insupportables à la foule.

Ce portrait des Sadducéens est complété par un trait en opposition avec ce qui a été dit des Pharisiens sous Hyrcan :

Ant., XX, ix, 1 : Le grand prêtre Anan « professait la secte des Sadducéens qui sont au tribunal (criminel) plus cruels que tous les Juifs ».

On pourrait s’étonner que les Pharisiens, si zélés pour la Loi, se soient montrés moins stricts dans la répression que les Sadducéens manifestement entachés de scepticisme. Mais ce scepticisme même rendait les Sadducéens indifférents au sang versé. Ayant la responsabilité des transgressions évidentes, ils ne badinaient pas dans la répression, pour peu que la cause eût quelque aspect politique qui risquât de les compromettre. Les Pharisiens auraient desservi leur cause auprès du peuple par trop de sévérité dans les peines, et ils éprouvaient une véritable tendresse pour le sang d’Israël.

Après tous ces textes on ne s’étonne pas que Josèphe ait embrassé le parti des Pharisiens.

Vita, 2 : Je commençai à mener la vie publique d’après les vues de la secte des Pharisiens, qui se rapproche de ce qu’est le Stoïcisme chez les Grecs,

Vita, 38 : la secte des Pharisiens qui semble l’emporter sur les autres par l’exactitude touchant les institutions légales des ancêtres.

  1. C’est-à-dire que chacun pense à sa façon ; ce sont des sceptiques.